Le questionnement autour de la perte de sens du travail social, et plus largement de la souffrance au travail, occupe le débat public, depuis une dizaine d’années. Dans les milieux majoritairement associatifs, cela semble encore s’intensifier. Soumis à des objectifs chiffrés, des procédures rigides et des réorganisations fréquentes, les salariés considèrent souvent que leur travail perd son sens. Ces rencontres souhaitent mettre en lumière ce qu’il se joue dans ce monde du travail si spécifique où précisément le sens, l’adéquation avec des valeurs et non avec une logique de profit, fondent l’engagement. Ces principes semblent aujourd’hui permettre en réalité des modalités d’exploitation insidieuses, dissimulées derrière des idéologies de civisme, de responsabilité sociale et d’engagement associatif. Le travail peut-il encore être social dans ce contexte ? L’épuisement professionnel, la maladie, la souffrance ne sont-ils pas intrinsèquement liés à cette forme de reconnaissance professionnelle qui ne se fonde que sur un engagement idéologique, une conviction ? Les orientations socio-politiques actuelles permettent-elles d’envisager un travail social associatif dans lequel il sera possible de travailler dans un environnement social apaisé ?
Pour éclairer ses questions nous réunirons philosophes, psychiatres, syndicalistes, personnes concernées (en burn out ou en maladie professionnelle), écrivains, inspecteurs du travail, avocats, travailleurs sociaux, formateurs, sociologues, journalistes, managers de l’économie social et solidaire pendant 3 jours pour échanger, débattre, imaginer, créer et partager autour de ces épineuses questions : le travail peut-il encore être social, peut-on encore travailler dans le social, le Travail et le Social doivent-ils divorcer ?